New Life & New Hope – Formation de sages-femmes en Éthiopie
Renforcement des capacités médicales
En Afrique subsaharienne, donner naissance présente un risque élevé. Un programme de formation en Éthiopie aide à sauver la vie de mères et de nouveaux-nés.
Durant les 32 années où Soeur Yewubdar a exercé comme sage-femme à Addis-Abeba en Éthiopie, elle a fait naître plus de bébés qu’elle ne peut en compter.
Malgré cela, elle se souvient de certains moments : « Une femme enceinte de 30 semaines est venue me voir, au moins sept semaines avant son terme. Son col était déjà dilaté à huit centimètres. Elle n’avait pas de vêtements de rechange avec elle – elle n’avait pas réalisé qu’elle accoucherait dans quelques heures peut-être, ou quelques minutes. Puis j’ai découvert qu’elle portait des jumeaux. »
Les naissances prématurées constituent un risque médical dans tous les pays. Ici, c’est une urgence. La clinique de Soeur Yewubdar ne disposait pas d'unité de soins intensifs néonatals (USIN). En fait, la clinique n’avait pas de couveuse.

Éthiopie : le gouvernement éthiopien s’est fixé des objectifs ambitieux de réduction des taux de mortalité maternelle. Grâce à des sages-femmes qualifiées, l’arrivée de jumeaux peut apporter deux fois plus de bonheur. Crédit : Paolo Patruno
« J'ai pris une décision » explique Soeur Yewubdar. « Les parents prendraient les bébés pour leur tenir chaud. Un des bébés irait dans les bras de la mère. L'autre dans ceux du père. Ensuite, je les emmènerai tous à l’hôpital. » Elle fait une pause. « Les bébés sont en vie aujourd’hui. »
Au revoir
Les risques de ne pas voir cette issue heureuse se produire sont immenses. Un article publié sur midwiferytoday.com explique : « En Afrique, lorsque le travail commence, les femmes disent au revoir à leurs proches, au cas où elles ne survivraient pas ». Bien que donner naissance constitue un événement médical important dans tous les pays, le risque auquel les femmes des pays en développement sont exposées est incomparable. Quatre vingt-dix pour cent des décès maternels dans le monde surviennent dans les pays en développement, dont la majorité en Afrique subsaharienne1.
La mortalité maternelle – décès d’une femme pendant la grossesse, la naissance ou six semaines après la naissance – peut être due à de nombreux facteurs. L’Organisation mondiale de la Santé cite les hémorragies sévères, des complications dues à l’accouchement et une hypertension durant la grossesse (prééclampsie et éclampsie) comme causes principales. Selon les experts médicaux, toutes ces situations peuvent être évitées ou traitées. Toutefois, une naissance présente toujours un risque dans des régions où les sages-femmes sont trop peu nombreuses pour assurer des soins prénatals complets et prêter assistance pendant et après la délivrance.
Dans le cas de l’Éthiopie, 80 % des mères environ accouchent à domicile, le plus souvent en zone rurale. De nombreuses femmes sont seules pendant la naissance ou elles ne sont assistées que d'une soeur ou d’une voisine. Elles ne reçoivent aucune aide en cas de problème. Même à proximité de centres de santé, les médicaments de première nécessité font défaut et souvent personne ne peut aider durant un accouchement normal2.

Afrique subsaharienne : certaines régions de ce continent présentent les taux de mortalité maternelle les plus élevés des pays en développement. Les mères ont besoin d’avoir accès à des sages-femmes qualifiées et à des infrastructures médicales équipées. Crédit : Anthony ASAEL/HOA-QUI/laif
L’OMS recommande un ratio d’une sage-femme pour 5000 personnes. Les statistiques de la base de données obstétriques d’Éthiopie révèlent que le pays comptait environ 4725 sages-femmes pour une population de 85 millions de personnes, soit une sage-femme seulement pour 18 000 personnes. Les estimations les plus récentes indiquent que la population a atteint 102 millions, augmentant encore le besoin en sages-femmes.
Ces chiffres sont alarmants. Récemment, des programmes ont cependant été lancés afin d'améliorer cette situation. En 2015, l’Éthiopie accueillait le programme New Life & New Hope. Mené en collaboration avec l’Association éthiopienne des sages-femmes (EMwA, EthiopianMidwives Association), avec le ministère éthiopien de la Santé et avec le soutien de Sandoz, ce programme propose à des sages-femmes expérimentées ou potentielles, une formation en soins obstétriques et néonatals d'urgence de base (SONUB). Huit cours de formation ont eu lieu dans quatre régions du pays : Addis-Abeba, Somali, Benishangul Gumuz et Gambella. Ces formations contribuent à l’engagement de l’Éthiopie dans l’amélioration des résultats en matière de santé maternelle dans le cadre des objectifs 4 et 5 du Millénaire pour le développement.
Il est très difficile d’être une femme en Éthiopie. J'ai vu de mes yeux ce que c’est que d'accoucher seule ou avec très peu d’aide. Avoir un bébé devrait être une expérience joyeuse et non potentiellement mortelle.
Le programme a pour principal objectif de sauver la vie de femmes et de nouveau-nés en Éthiopie en améliorant le savoir-faire obstétrique des sages-femmes – et ce savoir-faire est bien nécessaire. Parmi les 5000 sages-femmes que compte actuellement l’Éthiopie, on estime que près d’un tiers pratiquent sans formation ou autorisation d’exercer officielle. Pour changer activement cela, le programme New Life & New Hope permettra à 180 autres femmes de la région de recevoir une formation ou une professionnalisation.
Michael Awoke, un responsable Marketing & Communication de Sandoz, a visité une clinique locale dans laquelle se déroule la formation SONUB et a été surpris de voir les bénéfices immédiats que ce service d'éducation donne sur la santé : « Une sage-femme nous a dit qu’elle était incapable auparavant de faire des accouchements toute seule, mais qu’après cette formation elle le pouvait. Ce centre peut aussi accueillir des mères aujourd’hui, ce qui n’était pas le cas les fois précédentes. Cette sage-femme se sent également capable, mieux qualifiée et très heureuse de pouvoir à présent aider davantage les mères et les autres femmes. »
Soutenant les sages-femmes et les mères, même Soeur Yewubdar – qui possède une licence en soins infirmiers et une expérience de 32 ans comme sage-femme à Abbis-Abeba – était impatiente de participer à la formation SONUB. « Je veux faire baisser la mortalité au sein de ma communauté. Je veux proposer des soins de qualité », a-t-elle déclaré. Ce sont des sages-femmes qualifiées, comme elle, qui augmentent considérablement les chances de survie des mères comme des nourrissons.
Grâce à la formation professionnelle supplémentaire proposée par New Life & New Hope, les sages-femmes à son image sont la garantie qu’un accouchement pourra être perçu comme un espoir par un plus grand nombre de femmes de cette région – non comme un au revoir, mais comme un « bonjour » aux nouveaux membres de la famille.
Durant les douze dernières années, j’ai eu la chance de visiter plusieurs hôpitaux et centres de santé en Éthiopie. Certaines difficultés rencontrées par ces infrastructures portent sur la pénurie de professionnels spécialisés, notamment dans les domaines de la santé maternelle et infantile. Je suis fière de participer à ce programme de soutien de formation qui contribue à sauver la vie de mères et d’enfants.